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Anglais s’avançaient en colonne, vers le fort où s’étaient retranchés les Canadiens. Whiteral les commande.

À la vue de l’armée ennemie, les Canadiens font silence et attendent de pied terme en préparant leurs armes. Nouveaux Vendéens, ils n’ont pour toutes armes que de vieux fusils, des faulx et des fourches, des brocs et des bâtons ferrés. Mais une faulx, conduite par un bras plein de force et de courage, est une arme terrible. Encouragés par l’annonce de la victoire, à St-Denis, les insurgés de St Charles luttent bravement contre les Anglais. Mélas se distingue par une justesse de tir et par une célérité hors ligne. Déjà une balle ennemie lui a fracturé le bras gauche qui pend, inerte, à son côté. La douleur lui arrache un cri terrible, et, saisissant son fusil par le canon, sa main droite se lève menaçante au-dessus de la tête d’un ennemi. Un coup de sabre bien appliqué lui paralyse le dernier bras qui lui reste, mais non sans que la tête menacée de l’Anglais ne se fit broyer par la chute de la crosse du fusil. La douleur des deux blessures l’emportant sur la force physique et morale, Mélas tombe la face contre terre, baigné de son sang qui se mêle à celui de ses ennemis.

La bataille continue ; mais que pouvaient faire ces braves patriotes à moitié armés, contre des troupes régulières et disciplinés. Le courage ne pouvait suppléer au manque des armes. Aussi, après quelques heures de ce combat, les Canadiens prennent la fuite, emportant leurs blessés.

L’ami de Mélas, demeuré debout, avec une éclaboussure au front, n’oublia pas sa promesse. Il avait vu tomber Mélas, et, au risque de se faire prendre, il réussit à le trouver et l’emporta dans les bois. Les Anglais restaient maîtres du terrain avec plusieurs