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insulte d’un ennemi qu’une caresse partie d’un cœur sincère. Adieu ! que le ciel veille sur vous.

Puis le canot se détachant lentement du bord, tourne vers le Sud, et de vigoureux coups d’aviron l’enlevèrent comme une plume légère et il se mit à courir sur les flots bleus du fleuve.

Resté cloué au rivage, Bison-des-Plaines regarda d’un œil humide le vaisseau qui allait disparaître à l’horizon. Quand le canot disparut à ses regards, il rentra sous sa tente. L’aube apparaissait aux cieux et répandait partout une douce clarté.

Bison-des-Plaines ne dormit pas, et quand il sortit pour regarder de nouveau la mer, le soleil radieux sortait de derrière les monts qu’il dorait de ses rayons enflammés.

La mer était calme et unie, réfléchissant la vaste image des cieux. Rien à l’horizon ne vint frapper la vue du sauvage, si ce n’est un voilier empamé tout près de la rive Sud. Ils ne sauront rien, se dit Bison-des-Plaines. Mais Laurent passera pour le meurtrier ! enfin… Tous les sauvages étaient debout, et leur premier regard fut pour la mer. C’est ce qui attire toujours leurs regards lorsqu’ils sont au bord du fleuve. Ils guettent le temps propice pour le loup-marin, et en peu de temps ils se préparent pour la chasse.

Laurent avait gagné le large rapidement. Le désir de se voir bientôt loin du village, craignant la poursuite des guerriers du Chef lorsque ce dernier connaîtrait toute la vérité, leur donnait du cou-