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litaire, une vieille gitane devait venir la garder. L’absence de Mélas avait porté à profit. Il avait eu l’audace de se rendre jusqu’au village, de s’assurer lui-même de la naissance d’un enfant par l’entremise de la mère de Plume d’aigle, d’examiner la topographie des lieux, afin de mieux assurer la réalisation de ses plans. Il partait, mais sûr d’avance de ne pas échouer, car George n’y était pas, et quelles défenses peuvent offrir deux femmes au milieu de la nuit. Ils arrivèrent donc près du village où Mélas avait vu le jour ; il vit ce clocher que ses yeux avaient si souvent regardé ; là tout près de l’église, sa vieille mère qui le pleurait encore, son enfant prodigue ; il vit ce bois où il avait mis sur son front le signe de Caïn : tout cela glissa sur son âme maudite comme un boulet sur une surface plane. L’enfer le possédait tout entier ; il n’y avait plus de place dans son cœur pour un bon sentiment.

Arrêtés sur la grève, ils se consultèrent et leur plan fut arrêté.

Mélas donna ses indications qui furent suivies à la lettre.

On se rappelle l’enlèvement de l’enfant, le malheur de la mère, l’excitation de tout le village, etc. Hélas ! tout était consommé. La vengeance allait avoir son cours, une vengeance diabolique qui ferait trois victimes : George absent, la mère devenue folle, et une enfant bien chétive qui comprendrait plus tard la douleur de sa triste situation.

Triste situation pour ces trois êtres frappés dans ce qu’ils ont de plus cher. Ce sera le sujet de la seconde partie de ce livre.