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Le jour de l’an 1817 était venu. On était encore aux jours des grandes questions politiques ; nos Canadiens, fils de braves, discutaient leurs droits et revendiquaient une liberté promise et non accordée définitivement. Le Parlement (neuvième de ce nom) s’était ouvert le 15 janvier de cette même année (1817), et c’est là que Papineau fut élu Président, Cet homme, destiné à jouer un grand rôle, ne comprit pas toujours sa mission ; mais paix à son cercueil ; il dort au champ non bénis, et l’oubli veille presque sur son tombeau à Montebello.

George suivait avec intérêt les péripéties de ce drame émouvant qui devait avoir pour dénouement les batailles de St-Charles et de St-Denis.

Le printemps revint avec son cortège de fleurs, de gais soleils, d’oiseaux babillards et d’insectes bourdonnants. La nature se dépouille de son vêtement usé et sa parure verte réjouit les regards longtemps attristés par les vestiges d’une neige sale et pourrie. George était parfaitement rétabli. On ne s’occupait plus de Mélas ; depuis deux ans on ne savait ce qu’il était devenu. Peut-être avait-il fait comme Judas, se pendre de désespoir, ou bien encore il avait pu périr sur la mer avec sa faible embarcation : le fleuve aurait été son triste tombeau. Seule la mère Vincent s’apercevait du vide que Mélas avait fait dans son cœur ; Mélas le traître, Mélas le meurtrier, c’était son fils, l’enfant de la douleur.