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— Alexandrine !

— Quoi, George ?

Il ne put en dire davantage ; sa pauvre tête s’affaissa sur sa poitrine. En un instant elle est à son chevet. George lui dit-elle, George qu’as-tu ?

— Je souffre encore… oh ! le lâche…

— Paix mon George, dit Alexandrine mettant sa main sur ses lèvres ; remercie le bon Dieu de t’avoir épargné, et sache bien lui pardonner la souffrance comme je lui ai déjà pardonné, quand j’ai vu que le ciel ne t’enlevait pas de mes bras. Toi, mon George, t’enlever ! Oh ! non ; il t’a voulu conserver pour me rendre heureuse.

— Repose-toi, Alexandrine ; là, assis-toi à mon chevet et laisse-moi reposer ma tête sur ta main. Que mes yeux te voient et se ferment à force de te regarder. Oh ! si tu savais le bonheur éprouvé en te voyant près de moi, en sentant pour ainsi dire chaque palpitation de ce cœur que tu m’as donné, qui est à moi à cette heure et qui le sera pour toujours avant peu, je l’espère, mon ange. Quand je pense que la tombe s’est ouverte sous mes pas et qu’elle m’aurait privé de l’immense bonheur de te voir ; quand je pense que la mort aurait pu m’enlever, seul, loin de toi, ne pouvant te dire au moins : Alexandrine, je meurs en t’aimant : le cœur me fait mal, et ma blessure se rouvre sous l’effort d’un frisson glacial qui me court par tous les membres. J’ai été des jours sans comprendre ce qui se passait au-