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en toute hâte, auprès de George immobile, raide sur le sol ; sa pauvre figure regardait le ciel, et le corps était replié sur lui-même. Une mare de sang souillait la terre.

Pourra-t-on comprendre la panique dans laquelle fut plongé tout le village entier. Comment dépeindre les cris et les larmes et de la mère de George, et d’Alexandrine, à l’arrivée du cadavre. Le vénérable pasteur du village, toujours où il y avait quelque douleur à consoler, fut le premier rendu chez la mère de George. Il avait le cœur large et rempli de sainte charité. Il avait vu bien des scènes pénibles, et celle là le frappait davantage, parce que la victime était jeune et pleine d’espérances. Il parla longuement, pendant que le docteur était en devoir de constater si réellement il n’y avait plus d’espoir, et réussit à tranquilliser les esprits en leur assurant (sans en être certain) que George n’était pas mort et ne devait pas mourir.

D’un autre côté, Mélas était questionné sur tous les incidents d’une semblable tragédie qui fait toujours tant d’impression sur les populations. Il lui fallut un tempérament de fer pour résister à tous ces assauts et ne pas se compromettra par des paroles ambiguës et évasives. Je le laisse un moment dit-il, pour connaître la nature des bruits qu’on entendait dans les bois ; un cri m’appelle à la hâte ; j’arrive et trouve George baigné dans son sang. On peut m’accuser, dit-il, mais George est mon ami ; et d’ailleurs l’assassin a dû être vu et connu par lui. S’il revient à la vie, il pourra parler et dire la vérité.

On était à cent lieues de croire à la culpabilité de Mélas ; mais enfin, quel ennemi pouvait avoir George ?