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sirent silencieusement au pied d’un chêne aux larges branches. La terre était encore humide, et çà et là on voyait encore un reste de neige attendant un baiser du soleil pour se fondre et retourner se condenser en nuages dans les hauteurs du ciel. Ils ressemblaient à des conspirateurs cherchant l’ombre et le silence pour méditer et préparer leurs complots.

Enfin Mélas, le premier, rompit le lugubre silence de ces lieux. Longtemps ils parlèrent tous deux ; longtemps Mélas expliqua à son compagnon ce qu’il voulait lui enseigner. Il sortit un couteau dont la lame fine brilla sous un regard de la lune qui se voila aussitôt ; il entoura le cou de Plume-d’aigle de la main gauche, et de la droite il lui menaça le cœur. L’indien eut un frisson par tout le corps ; néanmoins il fit signe qu’il comprenait.

Quand ils s’éloignèrent, l’indien pour regagner sa cabane et Mélas le village, le coq chantait à la ferme voisine son refrain matinal. L’aube apparaissait au ciel libre de tous nuages qui s’étaient fondus comme par enchantement.

Rendu chez lui, Mélas, rompu et brisé par toutes sortes de fatigues, se coucha tout habillé et dormit d’un sommeil fiévreux jusqu’après le lever du soleil. C’en était assez pour réparer ses forces et le rendre frais et dispos.


XII

LE RETOUR.


La brise soufflait du large ; gros vent sec du Nord-Est. Toute la journée on avait vu les premiers bâtiments du printemps remonter le fleuve. C’était la flotte attendue avec impatience. Bien des