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de même que ceux de nos charrettes ; ils n’avaient qu’un collier et étaient du reste entièrement nus.

Enfin nous arrivâmes à un endroit où l’on nous fit descendre de voiture, et où l’on porta nos paquets dans une espèce de hangar pour les visiter. Nous n’étions plus en France. Je fus fort étonné de ne pas éprouver une sensation violente. Je croyais qu’un cœur un peu bien situé devait donner au moins vingt pulsations de plus à la minute en quittant le sol adoré de la patrie ; je vis qu’il n’en était rien. Je croyais aussi qu’une frontière était marquée de petits points, et enluminée d’une teinte bleue ou rouge, ainsi qu’on le voit dans les cartes géographiques ; je me trompais encore.

Un café, intitulé Café de France, orné d’un coq qui avait l’air d’un chameau, marquait l’endroit où finissait le territoire français. Un estaminet, à l’enseigne du Lion de Belgique, indiquait la place où commençait les possessions de sa majesté Léopold. L’enseigne de cet estaminet ne nous donna pas une bien haute