frayeur, colère ou pitié ; il lui avait fait sentir son existence. Il est vrai qu’il avait oublié de mettre son nom sur la bande de papyrus, mais qu’eût appris de plus à la reine Meïamoun, fils de Mandouschopsch ! Un monarque ou un esclave sont égaux devant elle. Une déesse ne s’abaisse pas plus en prenant pour amoureux un homme du peuple qu’un patricien ou un roi ; de si haut l’on ne voit dans un homme que l’amour.
Le mot qui lui pesait sur la poitrine comme le genou d’un colosse de bronze en était enfin sorti ; il avait traversé les airs, il était parvenu jusqu’à la reine, pointe du triangle, sommet inaccessible ! Dans ce cœur blasé il avait mis une curiosité, — progrès immense !
Meïamoun ne se doutait pas d’avoir si bien réussi, mais il était plus tranquille, car il s’était juré à lui-même, par la Bari mystique qui conduit les âmes dans l’Amenthi, par les oiseaux sacrés, Bennou et Gheughen ; par Typhon et par Osiris, par tout ce que la mythologie égyptienne peut offrir de formidable qu’il serait l’amant de Cléopâtre, ne fût-ce qu’un