venue encore plus sauvage ; il s’enfonçait des mois entiers dans l’océan de sables et ne reparaissait qu’à de rares intervalles. Sa mère inquiète se penchait vainement du haut de sa terrasse et interrogeait le chemin d’un œil infatigable. Après une longue attente, un petit nuage de poussière tourbillonnait à l’horizon ; bientôt le nuage crevait et laissait voir Meïamoun couvert de poussière sur sa cavale maigre comme une louve, l’œil rouge et sanglant, la narine frémissante, avec des cicatrices au flanc, cicatrices qui n’étaient pas des marques d’éperon. Après avoir pendu dans sa chambre quelque peau d’hyène ou de lion, il repartait.
Et cependant personne n’eût pu être plus heureux que Meïamoun ; il était aimé de Nephté, la fille du prêtre Afomouthis, la plus belle personne du nome d’Arsinoïte. Il fallait être Meïamoun pour ne pas voir que Nephté avait des yeux charmants relevés par les coins avec une indéfinissable expression de volupté, une bouche où scintillait un rouge sourire, des dents blanches et limpides, des bras d’une rondeur