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Cléopâtre pâlit et posa sa main sur le bras de Meïamoun pour le retenir. Son courage la touchait ; elle allait lui dire « Vis encore pour m’aimer, je le veux. » Quand un bruit de clairon se fit entendre. Quatre hérauts d’armes entrèrent à cheval dans la salle du festin ; c’étaient des officiers de Marc-Antoine qui ne précédaient leur maître que de quelques pas. Elle lâcha silencieusement le bras de Meïamoun. Un rayon de soleil vint jouer sur le front de Cléopâtre comme pour remplacer son diadème absent.

« Vous voyez bien que le moment est arrivé ; il fait jour, c’est l’heure où les beaux rêves s’envolent, » dit Meïamoun. Puis il vida d’un trait le vase fatal et tomba comme frappé de la foudre. Cléopâtre baissa la tête, et dans sa coupe une larme brûlante, la seule qu’elle ait versée de sa vie, alla rejoindre la perle fondue.

« Par Hercule ! ma belle reine, j’ai eu beau faire diligence, je vois que j’arrive trop tard, dit Marc-Antoine en entrant dans la salle du