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Nous ne traçons ici qu’une ébauche rapide pour faire comprendre l’ordonnance de cette construction formidable avec ses proportions hors de toute mesure humaine. Il faudrait le pinceau de Martinn, le grand peintre des énormités disparues, et nous n’avons qu’un maigre trait de plume au lieu de la profondeur apocalyptique de la manière noire ; mais l’imagination y suppléera ; moins heureux que le peintre et le musicien, nous ne pouvons présenter les objets que les uns après les autres. Nous n’avons parlé que de la salle du festin, laissant de côté les convives ; encore ne l’avons-nous qu’indiquée. Cléopâtre et Meïamoun nous attendent les voici qui s’avancent.

Meïamoun était vêtu d’une tunique de lin constellée d’étoiles avec un manteau de pourpre et des bandelettes dans les cheveux comme un roi oriental. Cléopâtre portait une robe glauque, fendue sur le côté et retenue par des abeilles d’or ; autour de ses bras nus jouaient deux rangs de grosses perles ; sur sa tête rayonnait la couronne à pointes d’or. Malgré le sourire de