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murs éventrés, des baies de fenêtres élargies et n’ayant plus de forme, des avalanches de pierrailles et de moellons, des enchevêtrements bizarres de poutres tombées l’une sur l’autre entraînant avec elles les toits et les planchers, des corps de cheminée s’élevant dans les ruines en façon d’obélisques noirs, des intérieurs de chambre démasqués par la chute d’une cloison, apparaissant comme des décors de théâtre, — ou les coupes d’un plan d’architecture, — toutes sortes d’accidents qu’il est difficile à la plume de reproduire, mais que conserveront les journaux illustrés. On voit, d’ailleurs, stationner devant chaque ruine un peu pittoresque les chariots qui servent de laboratoire aux photographes, dont les épreuves deviendront des pièces historiques d’une authenticité irrécusable ; sans elles, lorsque Paris aura pansé ses plaies, qui pourrait croire à ces monstruosités d’Érostrates anonymes ?

Arrivons donc à la place de l’Hôtel-de-Ville, où la dévastation se déroule dans toute sa grandiose horreur. L’âme reste douloureusement accablée devant cette jeune ruine faite de main d’homme. La frénésie d’abominables sectaires a détruit en un jour ce qui devait durer des siècles.