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taure déjà ce qui vient d’être abattu et se plaît à ce travail. En outre, il y a une sorte de péril dans cette visite : il faut franchir sur une planche qui fléchit, l’intervalle d’un palier à un autre, gravir des tas de débris croulant sous vos pieds, monter par des escaliers sans rampe aux marches interrompues et disloquées, comme les marches des Propylées, passer sous un arceau menaçant ruine, s’accrocher des mains à des pierres calcinées tombant en poudre. Tous ces dangers, notre camarade le référendaire à la Cour des comptes, aussi brave qu’agile, les surmonta, et il fit le tour complet de la galerie du premier étage, cherchant à gagner de là son ancien bureau, dont il apercevait, à cinquante pieds en l’air, la cheminée appliquée au mur comme une console ; mais les cages d’escaliers étaient devenues des gouffres béants accessibles seulement au vol des chauves-souris.

Une idée nous occupait. C’était de savoir ce qui survivait, dans le grand escalier du palais, des peintures murales de notre cher et toujours regretté Théodore Chassériau. Il attachait beaucoup d’importance à ce travail énorme, exécuté avec cette ardeur fiévreuse et cet acharnement