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Presque en face vous verrez deux piliers fort simples, servant de support à une grille tout unie, dont les battants ouverts vous invitent à entrer dans un bosquet plein d’ombre et de fraîcheur ; la rêverie y trouve la solitude ou n’y est troublée que par de rares promeneurs. Là existait autrefois une curiosité des jardins de Versailles, aujourd’hui absolument détruite, et qui s’appelait « le Labyrinthe » ou « les Fables d’Ésope. »

De la disposition primitive il ne reste aucune trace appréciable. Les charmilles qui formaient le labyrinthe ont disparu dans cet abatis général des arbres qui eut lieu sous Louis XVI, et avait sans doute pour but de replanter le jardin à la mode nouvelle. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un massif, qu’on croirait plus ancien à voir le développement et la hauteur des feuillages. Au milieu du bosquet est ménagée une sorte de place entourée de tulipiers gigantesques, qui rappellent le tulipier du Scarabée d’or d’Edgar Poë.

Au centre de l’espace vide se tient, faisant son geste pudique, une statue de la Vénus de Médicis, moulée sur l’original et fondue en bronze