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Sur des chevalets, placés au meilleur jour, le long de la muraille, la plupart retournés, à tous les coins de la vaste pièce, de grands cartons tendus, des toiles à divers degrés d’avancement étaient disséminés, et par leurs sujets se rattachant tous au même ordre d’idées, semblaient former comme le cycle épique et pittoresque du premier siége. Au-dessus s’étageaient, richement encadrées, des peintures du jeune maître représentant des types singuliers et farouches, et quelques-uns de ces paysages alpestres d’une fraîcheur si vive et d’un coloris si intense, où des couchers de soleil jettent des roses sur la blancheur des cimes.

Ce tranquille sanctuaire de l’art l’avait récemment échappé belle. Sur la terrasse, remplie de fleurs, qui lui sert de promenoir, les artilleurs de la Commune, peu sensibles à la peinture, voulaient installer une batterie, à laquelle on eût répondu sans doute, au grand détriment des tableaux et des dessins. Heureusement cette velléité dangereuse n’avait pas eu de suite.

Un des dessins qui nous occupa d’abord remontait au commencement du siége ; c’était le temps où le cercle de l’investissement se resser-