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et maître Frenhoffer et le peintre de la Cour d’Artus, cette différence que bientôt la toile se couvrait de couleurs splendides, et que le sujet apparaissait comme si on eût déchiré un voile.

Le fond du tableau était rempli par un palais orné de toutes les merveilles de l’architecture arabe, — sveltes colonnettes, arcs évidés en cœur, panneaux de guipures découpées dans le stuc, niches à stalactites dorés et peints, inscriptions du Koran en caractères cufiques entremêlés de fleurs, application d’azulejos : un résumé de l’Alhambra de Grenade et de l’Alcazar de Séville ; fontaines grésillant sur des vasques d’albâtre rubané, grands vases surmontés de fleurs rares, toutes les féeries que l’Orient entasse au palais des kalifes. Au milieu, s’ouvrait un grand arc dont les portes de cèdre formaient des symétries compliquées d’un travail miraculeux et rehaussées de nielles d’argent. A cet arc superbe aboutissait un large escalier de marbre blanc dont les dernières marches trempaient dans l’eau d’un fleuve. Une galère dorée à proue et à poupe fantasques, laissant traîner au fil de l’eau des tapis et des draperies bariolés, amenait au bas de l’escalier les chefs tributaires, les vassaux d’Afri-