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ment, Regnault, qui n’avait jamais trempé son pinceau dans le verre des peintres of water colours, s’était assimilé tous les moyens de cet art avec une rapidité merveilleuse d’intuition, les avait agrandis et pliés à son usage. On sait combien il est difficile de traiter à l’aquarelle une tête grande comme nature. Cette étude, qu’on croirait faite en vue d’une descente de croix ou d’une mise au tombeau, est lavée de tons vigoureux dans leur gamme de pâleur morte et n’a coûté que deux heures de travail à l’artiste. Les cheveux courts, des moustaches et une barbiche donnent à cette tête détachée du corps par le préparateur une apparence militaire. On en voit de semblables parmi les cadavres au premier plan des tableaux de bataille.

C’est en plein Orient que nous transportent ces splendides aquarelles, qu’on croirait exécutées sous l’immuable azur du ciel d’Afrique, et non sous ce triste dais de brouillard qui recouvrait Paris pendant les mois d’hiver du siége. La première représente une jeune femme couchée sur un divan dans un costume où dominent ces étoffes aux blancheurs transparentes traversées de raies mates ; ces blancheurs font l’effet du ca-