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jeunesse verdoyante pleine de séve est dans toute la fleur de son courage. « Le devoir commande, nous avons à sauver la cité, les autels des dieux de la patrie et leurs honneurs menacés, et nos enfants, et cette terre notre mère, cette tendre nourrice, celle qui porta tout le faix de notre enfance depuis que, naissant à peine, nous rampions sur son sol favorable, et qui nous éleva pour être des habitants fidèles, de belliqueux défenseurs au jour de la nécessité... On annonce que les Achéens ont résolu, la nuit dernière, l’assaut décisif et que la ville a tout à craindre. Vous tous, courez au créneaux, aux portes des remparts ; prenez vos armes, revêtez vos cuirasses ; allez, et fermes sur les plates-formes des tours, fermes aux avenues des portes, ne perdez rien de votre audace, ne tremblez pas en face de la multitude des assiégeants. Le ciel est pour nous. J’ai dépêché des espions, des éclaireurs vers l’armée des ennemis. Je l’espère, leur voyage n’aura pas été inutile : instruit par leurs rapports, je serai prêt contre toute surprise. » Ne croirait-on pas lire une de ces blanches affiches gouvernementales appliquées ces jours derniers aux murs de Paris ?