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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

la Lune avant qu’elle n’eût couché avec Endymion, comme Marie avant d’avoir fait connaissance avec le pigeon divin, et je suis grave ainsi que toute personne qui va faire une chose sur laquelle on ne peut revenir. — C’est une métamorphose, une transformation que je vais subir. — Changer le nom de fille en nom de femme, n’avoir plus à donner demain ce que j’avais hier ; quelque chose que je ne savais pas et que je vais apprendre, une page importante tournée au livre de la vie. — Voilà pourquoi j’ai l’air triste, mon ami, et non pour rien qui soit de votre faute. En disant cela, elle sépara de ses deux belles mains les longs cheveux du jeune homme, et posa sur son front pâle ses lèvres mollement plissées.

D’Albert, singulièrement ému par le ton doux et solennel dont elle débita toute cette tirade, lui prit les mains et en baisa tous les doigts, les uns après les autres, — puis rompit fort délicatement le lacet de sa robe, en sorte que le corsage s’ouvrit et que les deux blancs trésors apparurent dans toute leur splendeur : sur cette gorge étincelante et claire comme l’argent s’épanouissaient les deux belles roses du paradis. Il en serra légèrement les pointes vermeilles dans sa bouche, et en parcourut ainsi tout le contour. Rosalinde se laissait faire avec une complaisance inépuisable, et tâchait de lui rendre ses caresses aussi exactement que possible.

— Vous devez me trouver bien gauche et bien froide, mon pauvre d’Albert ; mais je ne sais guère comment l’on s’y prend ; — vous aurez beaucoup à faire pour m’instruire, et réellement je vous charge là d’une occupation très-pénible.

D’Albert fit la réponse la plus simple, il ne répondit pas, — et, l’étreignant dans ses bras avec une nouvelle passion, il couvrit de baisers ses épaules et sa poitrine nues. Les cheveux de l’infante à demi pâmée se dénouè-