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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

terne, je m’anéantis devant vous, et je voudrais forcer toute la création à plier le genou devant mon idole ; vous êtes pour moi plus que toute la nature, plus que moi, plus que Dieu ; — il me semble étrange que Dieu ne descende pas du ciel pour se faire votre esclave. Où vous n’êtes pas tout est désert, tout est mort, tout est noir ; vous seule peuplez le monde pour moi ; vous êtes la vie, le soleil ; — vous êtes tout. — Votre sourire fait le jour, votre tristesse fait la nuit ; les sphères suivent les mouvements de votre corps, et les célestes harmonies se règlent sur vous, ô ma reine chérie ! ô mon beau rêve réel ! Vous êtes vêtue de splendeur, et vous nagez sans cesse dans des effluves rayonnantes.

Il n’y a guère que trois mois que je vous connais, mais je vous aime depuis bien longtemps. — Avant de vous avoir vue, je languissais déjà d’amour pour vous ; je vous appelais, je vous cherchais, et je me désespérais de ne point vous rencontrer dans mon chemin, car je savais que je ne pourrais jamais aimer une autre femme. — Que de fois vous m’êtes apparue, — à la fenêtre du château mystérieux, accoudée mélancoliquement au balcon, et jetant au vent des pétales de quelque fleur, ou bien, pétulante amazone, sur votre cheval turc, plus blanc que neige, traversant au galop les sombres allées de la forêt ! — C’étaient bien vos yeux fiers et doux, vos mains diaphanes, vos beaux cheveux ondoyants et votre demi-sourire, si adorablement dédaigneux. — Seulement vous étiez moins belle, car l’imagination la plus ardente et la plus effrénée, l’imagination d’un peintre et d’un poëte, ne peut atteindre à cette poésie sublime de la réalité. Il y a en vous une source inépuisable de grâces, une fontaine toujours jaillissante de séductions irrésistibles : vous êtes un écrin toujours