— Hélas ! que pourrai-je sur un cœur disputé par Amine et Calixte ?
— Par le vice et la vertu, dit Amine ; vous voilà bien tombée, pour une fois que vous êtes amoureuse !
— Oh ! si je possédais comme vous ce médaillon, je le briserais, je le foulerais aux pieds !
— Ce sont là vos façons ? peste ! je suis plus calme, moi, je le garde précieusement pour apprendre à vivre à Dalberg ; ce n’est pas que je tienne le moins du monde à ce bellâtre de province…
— Je vous croyais du goût pour Dalberg, je me trompais donc ?
— Moi, j’aime l’amour qu’il a pour une autre, — quant à lui, il me déplaît.
— Cette Calixte est donc bien jolie ?…
— Entre nous… oui… mais il ne faut jamais convenir en public de la beauté d’une fille sage et d’une femme honnête. Qu’est-ce qui nous resterait donc alors ?
— Laissez-moi voir ce portrait… vous l’avez sur vous ?
— Il ne me quitte pas ; mais, après les sentiments doux que vous venez de manifester, je vous le montrerai… de loin.
Florence étendit vaguement la main, puis la laissa retomber, voyant Amine sur ses gardes…
— Quelle sérénité d’azur dans ce regard et quelle candeur virginale sur ce beau front ! dit-elle avec une expression plaintivement admirative.
— Elle ne sera pas si calme tout à l’heure, je vous en réponds, et je vais lui faire joliment rougir les yeux ; avant une heure, mademoiselle Calixte Desprez haïra mortellement M. Henri Dalberg. — Notre rivale écartée, il ne restera plus que nous deux sur le champ de bataille, et vous n’aurez pas de peine à remporter la victoire… car, je le sens, je suis un adversaire indigne de vous.