Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout à l’entour. — L’aspect du paysage est des plus romantiques, — Sur la colline, le terroir est assez maigre et coupé de roches, mais il produit d’excellent claret, et l’on peut vivre là très-confortablement ; en bas, les prairies sont fraîches et plantureuses, les bois feuillus et pleins d’ombrage. C’est un véritable petit paradis terrestre que Boussère, si l’on ajoute textuellement foi aux poétiques descriptions qu’en fait le pauvre Théophile au fond de son cachot ; car bien des mois, bien des années de cette vie si courte et si remplie se sont passées en prison, et c’est un merveilleux cadre pour un paysage que la fenêtre d’une prison. Tout apparaît bien plus charmant lorsqu’on est séparé de tout, et les choses vues à la chambre noire du souvenir prennent un relief singulier.

Dans une pièce que nous nous réservons de citer, il parle de son patrimoine héréditaire, et nous apprend qu’il avait un intendant nommé Bellegarde.

Il n’y a rien là-dedans qui sente son cabaret. Une maison assez considérable pour qu’il y ait un intendant ne sert pas habituellement d’hôtellerie. D’ailleurs Théophile, dans son apologie latine, car il écrivait pour le moins aussi élégamment en latin qu’en français, s’explique formellement là-dessus :


« Eam domum quam tu cauponam vocas, aulici plures, atque ii qui melioris notæ dignitatis sunt, invisêre etpro tenui nostro proventu aliquot dies frugaliter excepti, saltem immunes abiêre. »


« Cette maison que toi tu appelles une taverne, plusieurs courtisans, et de la meilleure noblesse, n’ont pas