Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur dit-il, vous ne pleurerez jamais tant pour moi que je vous ai fait rire. » Il mourut en 1660, âgé d’environ cinquante ans, les uns disent au mois de juin, les autres au mois d’octobre. Un passage de la Muse historique de Loret, du 16 octobre de la même année, semblerait corroborer cette dernière opinion :


Scarron, cet esprit enjoué
Dont je fus quelquefois loué,
Scarron, fondateur du burlesque,
Et qui dans ce jargon grotesque
Passait depuis plus de seize ans
Les écrivains les plus plaisans,
A vu moissonner sa personne
Par cette faux qui tout moissonne ;
Lui qui ne vivait que de vers
Est maintenant mangé des vers.
Il était de bonne famille ;
Il ne laisse ni fils ni fille,
Mais bien une aimable moitié
Digne tout à fait d’amitié,
Étant jeune, charmante et belle,
Et tout à fait spirituelle.


Scarron fut enterré à Saint-Gervais, où, si nous ne nous trompons, son tombeau se voit encore. Madame Scarron resta seule, mais non sans protection. La pension que son mari touchait, et qui était de cinq cents écus, lui fut continuée sur le pied de deux mille livres ; au sortir du couvent où elle s’était retirée pour passer le temps de son veuvage, elle fit la connaissance de madame de Thianges, qui la mit en rapport avec madame de Montespan. De là date le commencement de sa fortune ; mais ceci est de l’histoire et ne nous regarde plus, simple biographe littéraire, humble critique cherchant quelques