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duisit l’Écolier de Salamanque ; c’est la première pièce où le rôle de Crispin ait été introduit. Ce sujet fut traité simultanément par Thomas Corneille et Boisrobert. La pièce de ce dernier fut donnée à l’hôtel de Bourgogne la même année, et il est probable qu’il abusa d’une lecture que Scarron avait faite de son manuscrit, comme c’était son habitude, pour brocher au plus vite une tragi-comédie sur le même argument. — Nous ne nous arrêterons pas au Prince corsaire, à la Fausse apparence, et à quelques autres comédies dont on n’a imprimé que des fragments, et nous donnerons, pour faire connaître la manière de Scarron, une analyse du Jodelet. — Don Juan Alvaredo arrive nuitamment à Madrid, si pressé de conclure son mariage avec dona Isabelle, fille de don Fernan, que sans descendre dans aucun parador, sans se donner le temps de boire ni de manger, il veut aller au logis de son futur beau-père, malgré les sages représentations de son laquais Jodelet, qui voudrait bien se mettre quelque chose sous la dent, et trouve qu’il est incongru de réveiller ainsi les gens, et d’aller chercher à tâtons une maison dans une ville qu’on ne connaît pas. Don Juan est amoureux fou d’Isabelle, dont il n’a cependant vu que le portrait. Il lui a envoyé le sien, fait par un peintre de Flandre, pensant qu’il produira un effet semblable. Jodelet n’a pas l’air aussi sûr que don Juan du pouvoir de cette peinture, et cela, par une bonne raison : c’est que Jodelet, qui est la distraction même, a emballé, au lieu du médaillon de son maître, son propre museau à lui Jodelet, que le peintre flamand, fort bon homme, avait eu la complaisance de portraire par-dessus le marché. Cet