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taient ses livres, devaient subvenir abondamment à ses dépenses. Son marquisat de Quinet lui rendait de bonnes sommes. Il appelait ainsi le revenu de ses écrits ; son libraire avait nom Quinet. Il n’était donc pas aussi à plaindre qu’il voulait bien le dire, et s’il souffrait de toutes les tortures de Job, il n’en fut du moins jamais réduit à s’asseoir sur un fumier et à racler ses plaies avec un tesson. Son fumier était un très-bon fauteuil parfaitement rembourré, avec des bras et une planchette, disposés de façon qu’il pût travailler lorsque la goutte ne le tourmentait pas trop. Il avait même un secrétaire ou un laquais qui en tenait lieu, s’il faut s’en rapporter à ces vers :


Et le valet que je faisais écrire,
Autre démon qu’on ne vit jamais rire,
Et dont l’esprit indifférent et froid
Eût fait jurer un chartreux tout à droit,
Cessant enfin d’être mon domestique,
M’a délivré d’un fou mélancolique.


Il était en relation amicale et familière avec mesdames la comtesse du Lude, de la Suze, de Bassompierre ; — avec MM. de Villequier, le prince et la princesse de Guémenée, madame de Blérancourt, la duchesse de Rohan, madame de Maugiron, de Bois-Dauphin, M. de Courcy, le major Aubry, Sarrazin, la Ménardière, et beaucoup d’autres, ses voisins et ses voisines, qui habitaient la place Royale ou les environs, et qu’il désigne par quelque compliment ou mention obligeante dans son adieu au Marais, lorsqu’il alla prendre des bains de tripes à l’hôpital de la Charité, au faubourg Saint-Germain, dans l’espérance de trouver quelque soulagement à ses maux.