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« Je suis près de signer devant qui l’on voudra que tout le papier que j’emploie à écrire est autant de papier gâté, et qu’on aurait droit de me demander, ainsi qu’à l’Arioste, où je prends tant de c… Tous ces travestissements de livres, et mon Virgile tout le premier, ne sont autre chose que des c…, et c’est un mauvais augure pour ces compilateurs de mots de gueule ; tant ceux qui se sont jetés sur Virgile que sur moi comme un pauvre chien qui ronge son os, que les autres qui s’adonnent à ce genre d’écrire comme au plus aisé ; c’est, dis-je, un très-mauvais augure pour ces très-brûlables burlesques que cette année, qui en a été fertile, et peut-être autant incommodée que de hannetons, ne l’ait pas été en blé. Peut-être que les plus beaux esprits qui sont gagnés pour tenir notre langue saine et nette, y mettront bon ordre, et que la punition du premier mauvais plaisant qui sera convaincu d’être burlesque relaps, et comme tel condamné à travailler le reste de sa vie pour le Pont-Neuf, dissipera le fâcheux orage de burlesque qui menace l’empire d’Apollon. Pour moi, je suis toujours prêt d’abjurer un style qui a gâté tout le monde, et sans le commandement exprès d’une personne de condition qui a toute sorte de pouvoir sur moi, je laisserais le Virgile à ceux qui en ont tant envie, et me tiendrais à mon infructueuse charge de malade, qui n’est que trop capable d’exercer un homme entier. »

Il résulte de cette épître que les contrefacteurs et les copistes ne manquaient pas à Scarron, et le travestissement du Virgile lui était vivement disputé. Le mode de publication qu’il avait adopté favorisait les fraudes des