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et ce serait un travail curieux de faire l’histoire de ces familles congénères. À cause de cela, notre littérature est plus pauvre que toute autre en ouvrages excentriques, le ton général se retrouvant dans le plus grand nombre des écrits contemporains, et chaque période ayant sa nuance particulière donnée par un succès. La réussite de Scarron amena une débâcle de poésies burlesques, ou du moins prétendues telles. Les sujets les moins aptes à la plaisanterie furent traités de cette manière. Brébeuf lui-même, l’auteur ampoulé de la Pharsale, fit une parodie de Lucain, la plus froide et la plus ennuyeuse du monde, tant le goût du burlesque était généralement répandu. Tout le monde s’en mêlait, jusqu’aux laquais et aux femmes de chambre, car la plupart des gens pensaient qu’il suffit d’accoupler des rimes burlesques, de rassembler des termes extravagants et bas, en un mot, de parler en langage du Ponceau ou de la Halle, pour être un poète bouffon. Le vers de huit syllabes à rimes plates, que Scarron a presque toujours employé, et avec lequel sont écrits le Typhon et le Virgile travesti, offre des facilités dont il est malaisé de n’abuser point. Entre les mains d’un versificateur médiocre, il devient bientôt plus lâche et plus rampant que la prose négligée, et n’offre pour compensation à l’oreille qu’une rime fatigante par son rapprochement. Bien manié, ce vers, qui est celui des romances et des comédies espagnoles, pourrait produire des effets neufs et variés. Il nous paraît plus propre que l’alexandrin, pompeux et redondant, aux familiarités du dialogue, à l’enjouement des détails, et nous aimerions à le voir en usage au théâtre. Il nous épargnerait beaucoup d’hémis-