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de Suède, en l’honneur de laquelle il l’avait entrepris, faisait piteusement son abdication.

Puisque nous en avons fini avec ces détaits biographiques assez fastidieux que l’on vient de lire, parlons maintenant plus au long d’Alaric, ou Rome vaincue, poème héroïque dédié à la sérénissime reine de Suède, par M. de Scudéry, gouverneur de Notre-Dame-de-la Garde. L’ouvrage est orné de tailles-douces, et s’ouvre par un frontispice où l’on voit Alaric, le sceptre au poing, avec un casque empanaché, dans une architecture surmontée d’un écusson aux armes de Suède, soutenus par deux lions couronnés ; au bas sont des captifs, les mains attachées au dos, réminiscence des statues du grand roi. Suit l’épître dédicatoire, qui n’est pas des moins curieuses ; l’auteur y professe l’admiration la plus outrée pour la reine Christine ; il y dit, entre autres choses : « Je vous proteste, madame, que je n’ai pas moins de vénération pour Votre Majesté que si j’étois né au bord de la mer Baltique, et je doute même si elle rencontre parmi les Goths autant d’admiration et de respect qu’elle en peut trouver dans mon cœur. Véritablement, ceux qui nous ont voulu faire passer pour les merveilles de l’univers des pyramides, des tombeaux et des colosses, nous ont bien dit par là tacitement qu’ils n’avoient pas de Christines en leur siècle, car ils ne se seroient pas amusés à nous parler d’un aussi grand miracle de la nature. »

Voilà qui est du dernier galant et très-pertinemment raisonné. Plus loin il ajoute :

« Je suis obligé d’avouer que le Nord a maintenant sa