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Et le suprême amour, unis en trinité,
Dans son règne éternel forment sa majesté.
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Neuf corps d’esprits ardents, de ministres fidèles,
Dans un juste concert de différents degrés,
Chantent incessamment des cantiques sacrés.
Sous son trône étoilé, patriarches, prophètes,
Apôtres, confesseurs, vierges, anachorètes.
Et ceux qui, par leur sang, ont cimenté la foi,
L’adorent à genoux, saint peuple du saint roi.
Debout à son côté la Vierge immaculée,
Qui de grâce remplie et de vertus comblée,
Conçut le Rédempteur en son pudique flanc,
Entre tous les élus obtient le premier rang.
Au même tribunal où tout bon il réside,
La sage Providence à l’univers préside,
Et plus bas à ses pieds l’inflexible destin
Recueille les décrets du Jugement divin.
De son être incréé tout est la créature ;
Il voit rouler sous lui l’ordre de la nature,
Des éléments divers est l’unique lien,
Le père de la vie et la source du bien.
Tranquille possesseur de sa béatitude,
Il n’a le sein troublé d’aucune inquiétude ;
Et voyant tout sujet aux lois du changement,
Seul, par lui-même, en soi, dure éternellement.
Ce qu’il veut une fois est une loi fatale
Qui toujours, malgré tout, à soi-même est égale,
Sans que rien soit si fort qu’il le puisse obliger
À se laisser jamais ni fléchir ni changer.
Du pécheur repenti la plainte lamentable
Seule peut ébranler son pouvoir immuable,
Et forçant sa justice et sa sévérité,
Arracher le tonnerre à son bras irrité.


L’ouvrage est dédié à Son Altesse monseigneur Henri d’Orléans, duc de Longueville et Destouville, pair de France, prince de Neufchâtel, comte de Danois, de Saint-Pol, de Chaumont, etc., gouverneur pour le roi, et con-