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leur de brique, et les roses et les lis qu’il arrache du parterre de poésie pour en fleurir tes louanges se flétrissent subitement et deviennent plus pâles que l’asphodèle des morts. Il t’ajuste dans la bouche un double rang de perles qui ont l’air de ces mâchoires d’ivoire sculpté à gencives écarlates que Désirabode expose dans ses cadres. — Il ose décrire ces deux blanches poésies qui s’épanouissent sous ton cou de satin en quatre lignes rimées qui sont quatre crimes contre Vénus et les Grâces ; — et tes belles mains si pures, si royales, trouées de petites fossettes, il les fait grotesquement sortir de tes manches comme les mains de bois de Colombine ; et pour mettre le comble à la mesure, il compare tes doigts à des bras. — Ô pauvre ombre d’Agnès Sorel !


On voit hors des deux bouts de ses deux courtes manches
Sortir à découvert deux mains longues et blanches
Dont les doigts inégaux, mais tout ronds et menus,
Imitent l’embonpoint des bras ronds et charnus.


Aglaé, Pasithée, Euphosine, charmantes sœurs, voilez vos doux yeux avec vos mains de lis.


Lugete ô Veneres, Cupidinesque,
Et quantùm est hominum venustiorum
.
Ιου κλαιέτε Κυπρι και ερωτες,
Οσσοι θ’ιμεροεντες ανδρες εισι.


Et toi, Apollon Sminthien, écorche tout vif, comme tu fis du satyre Marsyas, le misérable qui tire de son rebec des sons si aigres et si discordants, et que sa peau suspendue dans ton temple serve d’avertissement aux ri-