Page:Gautier - Les Grotesques, 1856.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De la nuit de ces derniers temps
Éclaircit l’ombre la plus noire ;
Puissant esprit dont les travaux
Ont borné le cours de nos maux,
Accompli nos souhaits, passé notre espérance,
Tes célestes vertus, tes faits prodigieux,
Font revoir en nos jours, pour le bien de la France,
La force des héros et la bonté des dieux.
................
Ils chantent nos courses guerrières
Qui, plus rapides que le vent,
Nous ont acquis en te suivant
La Meuse et le Rhin pour frontières ;
Ils disent qu’au bruit de tes faits
Le Danube crut désormais
N’être pas dans son antre assuré de nos armes,
Qu’il redouta le joug, frémit dans ses roseaux,
Pleura de nos succès, et grossi de ses larmes,
Plus vite vers l’Euxin précipita ses eaux.
................
Toutefois en toi l’on remarque
Un feu qui luit séparément
De celui dont si vivement
Resplendit notre grand monarque ;
Comme le pilote égaré
Voit en l’ourse un feu séparé
Qui brille sur sa route et gouverne ses voiles,
Cependant que la lune accomplissant son tour
Dessus son char d’argent environné d’étoiles
Dans le sombre univers représente le jour.
................
Ébloui de clartés si grandes,
Incomparable Richelieu,
Ainsi qu’à notre demi-dieu
Je te viens faire mes offrandes ;
L’équitable siècle à venir
Adorera ton souvenir
Et du siècle présent te nommera l’Alcide ;
Tu serviras un jour d’objet à l’univers