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très-fermement qu’elle en est l’auteur ; ce qui, au reste, est d’une assez maigre importance.

Lorsque Colletet mourut (11 février 1659), les guerres civiles et les troubles du temps l’avaient réduit à un état si voisin de la misère que ses amis furent obligés de se cotiser pour le faire enterrer convenablement. Ainsi il n’est pas fort étonnant que Colletet fils ait souvent attendu le succès d’un sonnet pour dîner, car ce qu’il dut trouver dans l’héritage de son père ne le pouvait mener fort loin.

Colletet, outre ses œuvres poétiques et son livre d’épigrammes, où il y en a beaucoup d’un tour très-naïf et très-piquant, a fait différents traités réunis sous le titre d’Art poétique, et une Histoire des Poètes français qui n’a pas été imprimée en entier ; on n’en a qu’une faible partie, dont le manuscrit s’est trouvé longtemps après la mort de Colletet, chez le libraire de Laune. Ce recueil entier devait former 10 volumes in-folio et contenir 400 vies. — Le manuscrit est maintenant dans la bibliothèque du Conseil d’État. On prétend que cet ouvrage a beaucoup servi à Lamonnoye : c’est une chose dont il est assez difficile de juger et qu’il ne faut pas croire à la légère. — Il serait à souhaiter que cette histoire fût publiée ; elle ne peut manquer d’être fort intéressante, car Colletet connaissait et appréciait parfaitement nos vieux poètes, et son goût le portait vers ce genre de recherches. Il savait à fond la structure des rondeaux, des chants royaux, des triolets, des ballades et toutes les formes de l’ancien Parnasse dès lors tombées en désuétude. Son traité de poésie bucolique est une chose complète et qui ne laisserait rien