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Claudine ; ce qu’il est d’autant plus attendrissant que l’u du nom de Claudine est écrit selon l’orthographe du temps, avec un V à la romaine. — Voici deux de ces madrigaux :


SUR LE PORTRAIT DE LA BELLE CLAVDINE.

Ce beau visage a tant de charmes,
Et ses cheveux d’or tant de nœuds,
Que ma liberté devant eux
Fut captive et rendit les armes.


POUR MA BELLE ET SAGE CLAVDINE.

Qui veut voir la même beauté
Jointe à la sagesse divine,
L’amour et la fidélité,
N’a qu’à voir ma jeune Clavdine.


Il est vraiment dommage que la jeune Claudine ait vécu en 1650, puisqu’elle renfermait en elle tant de belles qualités si rares en tous les temps, et j’aurais été fort curieux de la connaître, pour voir, par la même occasion, une jolie fille et plusieurs vertus que jusqu’ici j’ai eu passablement de peine à rencontrer, même isolées. — Mais la figure appelée hyperbole en rhétorique doit être pour quelque chose dans tout cela, et il y a nécessairement beaucoup à rabattre. — Le morceau qui suit est tout à fait appétissant.


Mais Dieu ! qui n’aimeroit d’une ardeur idolâtre
Cette plaine de lait, ces collines d’albâtre,
Cette neige qui fond et brûle les amants,
Ces globes animez d’éternels mouvements,