que les femmes qui ont cette calamité d’avoir des littérateurs pour maris sont singulièrement jalouses des infidélités qu’ils font à la prose lucrative, témoin cette épigramme du bon Guillaume, datée de l’an 1633.
Tout ce que j’ay d’acquis ma femme le possède,
Elle a trop de bonté pour lui rien refuser ;
Dès que j’ai de l’argent je vois qu’elle s’en aide :
Je ne l’en blâme point, elle sait en user.
Mais quand l’utile prose a terminé ma tâche,
Si mon esprit se donne un moment de relâche,
Et qu’en faisant des vers je ne gagne plus rien,
Elle se plaint à moi de ma paresse extrême…
Femme, éternellement jouyssez de mon bien,
Et laissez-moi jouir un moment de moy-même.
Colletet eut, pour le malheur de sa réputation, un fils aussi littérateur, mais tout à fait médiocre. Ce fils, nommé François Colletet, est celui qui est si durement et si indécemment raillé dans ces vers de Boileau qui font plus d’honneur à la pureté de son goût qu’à la bonté de son cœur :
Tandis que Colletet, crotté jusqu’à l’échine,
S’en va chercher son pain de cuisine en cuisine.
Et cet autre :
........et comme Colletet
Attendre pour dîner le succès d’un sonnet.
On les a confondus très-souvent, et le père s’est trouvé enveloppé dans le mépris fort juste d’ailleurs que l’on faisait du fils. — Voilà ce que c’est d’être poète et d’avoir