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se remettre en appétit, du piment de concetti et des gongorismes.

Dans le cours de nos appréciations, nous avons fait petite la part de la critique, trop petite même, occupé que nous étions à faire valoir les perles fines que nous avions trouvées dans le fumier de ces Ennius, et aussi, il faut bien l’avouer, les perles fausses. — Un bijou, pour n’être que de cuivre, n’en est pas moins précieusement travaillé, et digne de l’attention des curieux, et, dans une érudition de pur délassement, il ne faut pas apporter une trop grande rigueur, de crainte de tomber dans le pédantesque. — Nous ne proposons en aucune manière comme des modèles les pauvres victimes de Boileau, et notre indulgence n’a rien de bien dangereux ; il n’est pas urgent de démontrer que Scudéry est un poëte détestable, et de déployer contre lui une grande verve d’indignation. Si, au contraire, dans tout ce fatras et tout cet oubli, nous avons rencontré et mis en lumière quelques morceaux dignes de lecture et de mémoire, nous pensons n’avoir pas complètement perdu notre peine. Car l’on se laisse trop facilement aller à cette croyance, qu’un siècle littéraire était rempli par les cinq ou six noms radieux qui en survivent. Vues à distance, ces grandes images s’isolent, et il semble qu’elles n’aient rien eu de com-