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les médecins m’alloient abandonner pour l’opiniâtreté que j’avois de ne point manger de viande, je fus contraint de recourir à la dispense, de peur d’être coupable de ma mort ; messieurs de Rogueneau, curé de ma paroisse, et de Lorme, médecin, qui ont signé l’attestation, sont témoins irréprochables de cette vérité. Je n’allègue point cecy par une vanité d’hypocrite, mais par la nécessité d’un pauvre accusé qui ne publie sa dévotion que pour déclarer son innocence. »

Certainement beaucoup de dévots d’aujourd’hui ne remplissent pas leur devoir de religion avec l’exactitude d’un athée de ce temps-là.

Le Parnasse satyrique, recueil de vers licencieux, qui venait de paraître sous le nom de Théophile, et qui n’était effectivement qu’un choix de ces pièces que les ronsardisants appelaient gayetés, par différents poètes, tels que Colletet, de Frenide, Motin, Ogier et d’autres, servait de prétexte à ces attaques furibondes, quoiqu’il l’eût désavoué, et qu’il eût même fait saisir l’ouvrage et poursuivi les imprimeurs, qui, confrontés avec lui pendant son procès, affirmèrent ne pas le connaître et n’avoir eu aucun rapport ensemble. — Le Parnasse satyrique porte la date de 1622.

C’est un singulier monument littéraire, dans son genre, que le Parnasse satyrique : quelle différence avec les petits vers orduriers de Ferrand, de Dorat, de Voisenon, et autres coureurs de ruelle, mousquetaires ou abbés ! — c’est comme une tête du Caravage, toute noire de bitume, à côté d’un pastel de Latour, enluminé de carmin ; comme un bas-relief de vase antique à côté d’une litho-