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les cruautés de l’amour

Ces arbres avaient le tronc principal assez peu haut ; leurs maîtresses branches s’écartaient brusquement et presque horizontalement, tandis que leur faîte s’ébouriffait en mille broussailles. C’était justement ce qu’il nous fallait.

— Voici mon domicile, dit milady en frappant sur l’un des arbres.

— Et voici le mien.

Nous retournâmes à l’endroit où nous avions couché, et en trois voyages nous eûmes transporté tout notre bagage.

— Voyons, quels sont nos outils ? demanda milady.

— Voici une petite hachette, répondis-je.

— Moi, j’ai un couteau anglais qui contient un tire-bouchon, un tire-bouton, un poinçon, un cure-oreilles, un grattoir et une lime à ongles, sans compter les lames de toutes les dimensions.

— C’est un précieux outil !

— Oui, mais il ne suffira pas.

— Je possède deux rasoirs ; j’en sacrifie un.

— Très-bien ! Nous avons beaucoup de cordes et de grosses ficelles. Nous pourrons peut-être venir à bout de nous loger ; allons, vite, l’échelle d’abord.

Nous employâmes toute une heure à couper dans les arbres voisins deux morceaux de bois