On la pria de chanter encore, mais elle refusa et quitta le piano.
Elle alla s’asseoir auprès de Pénoutchkine.
— Ah ! vous êtes divine, lui dit-il, en feignant d’essuyer une larme. Toute votre âme était dans votre voix ; on dirait vraiment que l’amour a touché votre cœur et pourtant je sais bien qu’il n’en est rien.
— Êtes-vous bien sûr de cela ? dit-elle en lui jetant un malicieux regard.
— Eh ! oui, vous ne connaissez pas ces tortures, ce doute, ces espérances, ce besoin de dévouement, tout ce que vous m’inspirez enfin…
— Comment, je vous fais éprouver tant de choses ?
— En doutez-vous ? ne savez-vous pas lire dans mes yeux, n’y voyez-vous pas que je suis prêt à donner ma vie pour vous ?
— Donner votre vie pour moi, cela est bientôt dit, vous savez parfaitement que je ne vous la demanderai pas, qu’en ferais-je ? S’il s’agissait de toute autre chose il est probable que vous ne parleriez pas ainsi.
— Ah ! mettez-moi à l’épreuve ! s’écria Penoutchkine. Serai-je assez heureux pour que vous daigniez me demander quelque chose ?
— J’ai bien quelque chose à vous demander,