bien que devant ce mourant que vous aviez poussé vers le tombeau votre cœur se soit ému et qu’une pensée très-noble de dévouement ait germé dans votre esprit ; mais voici que le mourant revient à la vie ; le crime que vous croyiez devoir vous reprocher ne pèsera donc plus sur votre conscience. Réfléchissez à ce que vous voulez faire ; ne vous laissez pas entraîner par votre enthousiasme juvénile à commettre une folie que vous pourriez regretter plus tard.
— Une folie, est-ce donc une folie d’écouter son cœur et d’épouser l’homme que l’on aime ! Que m’importe si le hasard ne l’a pas fait naître noble, est-ce qu’un titre ajouterait quelque chose à son âme ? J’étais orgueilleuse, autrefois, et je n’aurais pas toujours parlé ainsi ; mais un sentiment tout nouveau s’est éveillé en moi, et aujourd’hui, à la noblesse du nom, que l’on tient du hasard, je préfère la noblesse du cœur et de l’esprit que l’on tient de Dieu.
— L’on a toujours de bonnes raisons à donner lorsque l’on veut quelque chose, mais êtes-vous bien sûre de vouloir longtemps ? Si je parlais d’après mon propre sentiment, je ne m’attacherais pas, outre mesure, à la question de mésalliance. Je vois des princes et je vois des hommes simples, ils sont égaux devant la douleur ; la nature, qui