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les cruautés de l’amour

André était à cheval, il voulait escorter la jeune fille l’espace d’une verste ou deux.

— Ah ! j’ai le cœur gros en partant d’ici, dit-elle en jetant un regard sur la ferme, sur la fenêtre ouverte de la chambre qu’elle avait habitée, sur tous ces braves gens désolés.

— Nous étions si bien accoutumés à vous, dit Catherine à travers ses larmes ; comme la maison va nous sembler vide ! comme nous serons tristes, à présent !

— Soyez sûrs que je n’oublierai jamais les jours que j’ai passés près de vous, dit Clélia, ils seront peut-être les meilleurs de ma vie. Voyons, ne pleurez pas ainsi… pour un rien, je pleurerais aussi.

— Allons ! allons ! s’écria Pavel, soyez donc raisonnables, mes bons amis, ne dirait-on pas que nous portons quelqu’un en terre ? Parbleu ! on se reverra, nous n’allons pas si loin, nous ne partons pas pour toujours.

— Il a raison, dit Clélia, nous nous reverrons souvent, vous viendrez passer quelques mois au château. Au revoir, mes chers amis, et merci de votre bonne hospitalité.

— Que le ciel vous protège, barynia ! dit Ivan en agitant son bonnet.