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LE CAPITAINE FRACASSE.

pour ma part, je ne trouve pas blâmable, vous lui voulûtes poser une assassine sur le sein. Ce procédé, que je ne qualifie pas, choqua fort un comédien, le capitaine Fracasse, qui eut la hardiesse de vous arrêter la main.

— Marquis, vous êtes le plus fidèle et le plus consciencieux des historiographes, interrompit Vallombreuse. Tout cela est vrai de point en point, et, pour finir l’anecdote, je promis à ce drôle, insolent comme un noble, une volée de bois vert, châtiment approprié à un maroufle de sa sorte.

— Il n’y a pas grand mal à faire bâtonner un histrion ou un grimaud de lettres dont on n’est pas content, dit le marquis d’un air de parfaite insouciance ; ces espèces ne valent pas les cannes qu’on leur rompt sur le dos ; mais ici le cas est différent. Sous le capitaine Fracasse, qui, du reste, a rossé vos estafiers de la belle manière, il y a le baron de Sigognac, un gentilhomme de vieille roche et de la meilleure noblesse qui soit en Gascogne. Personne n’a rien à dire sur son compte.

— Que diable allait-il faire parmi cette troupe de baladins ? répondit le jeune duc de Vallombreuse en jouant avec les cordons de sa robe de chambre ; pouvais-je soupçonner un Sigognac sous cet accoutrement grotesque et derrière ce faux nez barbouillé de carmin ?

— Quant à votre première question, dit le marquis, j’y répondrai par un mot. Entre nous, je crois le Baron fort épris de l’Isabelle ; ne la pouvant rete-