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BRIGANDS POUR LES OISEAUX.

heure louche où les vieux saules, avec leurs tronçons de branches, prennent au rebord des fossés la physionomie d’hommes vous montrant le poing ou brandissant des coutelas.

« Agostin, dit Chiquita, tu as oublié d’armer tes mannequins !

— C’est vrai, répondit le brigand. À quoi donc pensais-je ? Les plus beaux génies ont leurs distractions ; mais cela peut se réparer. »

Et il mit au bout de ces bras inertes de vieux fûts d’arquebuses, des épées rouillées, ou même de simples bâtons couchés en joue ; avec cet arsenal, la troupe avait au bord des talus un aspect suffisamment formidable.

« Comme la traite est longue du village à la dînée, ils partiront sans doute à trois heures du matin ; et quand ils passeront devant l’embuscade, l’aube commencera à poindre, instant favorable, car il ne faut à nos hommes ni trop de lumière ni trop d’ombre. Le jour les trahirait, la nuit les cacherait. En attendant, faisons un somme. Le grincement des roues non graissées du chariot, ce bruit qui met en fuite les loups épouvantés, s’entend de loin et nous réveillera. Nous autres qui ne dormons jamais que d’un œil comme les chats, nous serons bien vite sur pied. »

Cela dit, Agostin s’étendit sur quelques jonchées de bruyères. Chiquita s’allongea près de lui pour profiter de la capa de muestra valencienne qu’il s’était jetée dessus comme couverture et procurer un peu de chaleur à ses pauvres petits membres tremblants de