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dans un tel dénûment, qu’il n’avait pas l’argent nécessaire pour le faire enterrer ; alors il s’est vendu lui-même comme esclave et a pu, avec le prix de sa liberté, rendre les derniers devoirs à son père ; maintenant il se rend chez son maître pour y remplir les conditions du contrat. Il va s’éloigner, lorsqu’une femme d’une grande beauté apparaît, sur le chemin. Le jeune homme la contemple avec admiration.

— Je veux te demander une grâce, dit la femme ; je suis seule et abandonnée, accepte-moi pour ton épouse, je te serai dévouée et fidèle.

— Hélas ! dit le jenne homme, je ne possède rien, et mon corps même ne m’appartient pas. Je me suis vendu à un maître chez lequel je me rends.

Je suis habile dans l’art de tisser la soie, dit l’inconnue ; emmène-moi chez ton maître, je saurai me rendre utile.

— J’y consens de tout mon cœur, dit le jeune homme ; mais, comment se fait-il qu’une femme, belle comme tu l’es, veuille prendre pour époux un pauvre homme comme moi ?

— La beauté n’est rien auprès des qualités du cœur, dit la femme.

La seconde partie, montre les deux époux, travaillant dans les jardins de leur maître : l’homme cultive les fleurs, la femme brode une merveilleuse étoffe qu’elle a tissée. Le maître se promène, surveillant les esclaves ; il s’approche de la jeune femme et regarde son travail.

— Oh ! la splendide étoffe ! s’écria-t-il, elle est d’un prix inestimable.

— Je voulais te l’offrir en échange de notre liberté.

Le maître consent au marché et les laisse partir.

Alors l’époux se jette aux pieds de l’épouse il la re-