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de Nagato et gagnèrent sa chambre. La trappe qui fermait le sentier souterrain, par lequel autrefois le brave Sado entrait au palais et en sortait, était ouverte. Personne ne connaissait l’existence de ce souterrain. Le prince de Nagato l’avait fait secrètement creuser pour favoriser les allées et venues de Sado et échapper à la surveillance des espions.

— Voici le chemin, dit il, il aboutit à une maison de pêcheur qui s’ouvre sur les rives du Yodo-Gava. C’est là que Raïden vous attend avec la barque ; partez, Loo vous guidera dans cette route souterraine.

— Comment ! s’écria Fidé-Yori, est-ce que tu ne nous accompagnes pas ?

— Non, maître, je reste ici, j’ai quelque chose encore à accomplir.

— Es-tu fou ? rester dans ce palais qui bientôt sera complètement envahi ; qu’as-tu donc à faire encore ? tu ne pourras plus t’échapper.

Ne t’inquiète pas de moi, dit le prince avec un étrange sourire ; je fuirai, je te le jure.

— Ivakoura ! s’écria le siogoun en regardant son ami avec effroi, tu veux mourir ! Je te comprends, mais je n’accepte pas le salut à ce prix. Je suis le maître encore, n’est-ce pas ? eh bien, je t’ordonne de me suivre.

Mon bien-aimé seigneur, dit Nagato d’une voix ferme, s’il est vrai que je t’ai servi avec dévouement, ne me refuse pas la première grâce que je te demande, n’ordonne pas que je quitte ce palais.

— Je n’ordonne plus, ami, je te conjure de ne pas me priver d’un compagnon tel que toi, je te supplie de fuir avec nous.

— Je joins mes supplications à celles de mon fils,