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une roche émergeant à demi de l’eau. Elle est portée par cinquante bonzes, nus jusqu’à la ceinture, et ressemble à une maisonnette carrée. Sa toiture, à quatre pans coupés, est revêtue d’argent et d’azur, bordée d’une frange de perles, et surmontée d’un grand oiseau aux ailes ouvertes.

Le dieu Yébis est invisible à l’intérieur de la châsse, hermétiquement close.

Sur un brancard est porté le magnifique poisson consacré à Yébis, l’akamé, ou la femme rouge, le préféré, d’ailleurs, de tous ceux qui aiment la bonne chère. Trente cavaliers, armés de piques, terminent le cortège.

La procession traverse la ville, suivie de toute la foule qui s’ébranle derrière elle ; elle gagne les faubourgs et, après une assez longue marche, débouche sur le rivage de la mer.

En même temps qu’elle, des milliers d’embarcations arrivent à l’embouchure du Yodogava, qui les pousse doucement vers la mer. Les voiles s’ouvrent, les rames mordent l’eau, les banderoles flottent au vent, tandis que le soleil jette des milliers d’étincelles sur l’azur des vagues remuées.

Fidé-Yori arrive aussi sur la plage, par le chemin qui longe le fleuve ; il arrête son cheval et se tient immobile au milieu de sa suite, assez peu nombreuse d’ailleurs, le régent n’ayant pas voulu écraser par le luxe royal le cortège religieux.

Hiéyas, lui, s’est fait porter en norimono comme la mère, comme l’épouse du siogoun. Il se dit malade.

Cinquante soldats, quelques porteurs d’étendards et deux coureurs forment toute l’escorte.

L’arrivée du jeune prince divise l’attention de la foule, et la procession de Yébis n’est plus seule à attirer les regards. La coiffure royale, une sorte de toque