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INTRODUCTION

occuper une grande place dans l’Église. Il a été longtemps révéré comme un martyr. Son nom se trouve en plusieurs Martyrologes, et les Bollandistes ont dû s’en occuper à deux reprises[1]. Ils l’ont avec raison rejeté du nombre des Saints, mais en éprouvant un certain regret d’être contraints à cette sévérité. Après avoir justement flétri les fables du faux Turpin, ils s’écrient : « Nous serions heureux de posséder sur Roland des documents plus sûrs : Nos certiora libenter acciperemus. » C’est une bonne parole de critique chrétien, et nous la répétons volontiers après les Bollandistes.

    B. L. F. 90 ; du British Museum, Bibl. du Roi, 4, cxi, 53.) La troisième traduction, qui est un modèle d’élégance et de fidélité, est l’œuvre d’un anonyme qui écrivait dans les vingt premières années du xiiie siècle. (B. N. fr. 1850.) Anonyme aussi est la quatrième traduction. (B. N. fr. 2,137), qui est diffuse et médiocre : elle appartient à la seconde moitié du xiiie siècle. Il existe au British Museum une cinquième traduction, laquelle est en dialecte anglo-normand et appartient au milieu du même siècle. Enfin, dans les Chroniques de saint Denis, on a inséré une sixième translation du faux Turpin. Ce n’est pas ici le lieu de parler des derniers chapitres de la Conqueste du grant roi Charlemagne, qui contiennent des fragments ou un résumé de notre Chronique traduite en méchant français. (Cf. aussi l’édition in-4o gothique, imprimée en 1527 par Regnault Chaudière, de la « Cronique et histoire faicte et composée par révérend père en Dieu, Turpin, archevêque de Reins, l’ung des pairs de France, » etc.)

  1. Au 31 mai : « Rolandus, comes Cenomanensis, aliique primæ nobilitatis equites Galliæ, traduntur tempore Caroli magni in Pyrenæis saltibus a Saracenis : quos inter pios recenset Saussayus. (Acta sanctorum Maii, t. VII.) ═ Au 16 juin, parmi les Prætermissi : « Rolandus, filius Milonis..., martyr sanctus indicatus a Joanne Welde in Fastis Westphalicis. De eo millia fabulatur Tulpinus. Nos certiora libenter acciperemus. » (Acta sanctorum Junii, t. IV.) ═ Cf. le Martyrologe de du Saussay, (Paris, Cramoisy, 1637, p. 319) : « Eadem die (tertia maii), in Vasconia, Rolandus comes Cenomanensis aliique primæ nobilitatis Galliæ equites, subjugata Navarra Cæsaraugustaque ab Saracenorum jugo liberata, quum victores ad Carolum magnum redirent, cum exercitu in saltibus Pyrenæis intercepti, pro Christo adversus impios pugnantes, glorioso agone succubuerunt. » — Cf. aussi Molanus : « In Galliis, Rolandi, comitis Cenomanensis, Oliverii et sociorum qui, juxta Pampelonam sub Pyrenæis montibus pro Christo pugnantes, Carolo magno imperante, occubuerunt. » — Sur les « reliques » et les tombeaux de Roland, v. Fr. Michel, 1re édition du Roland, p. 212 et 213, et Génin, Introduction, p. xxiii-xxiv.