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LA CHANSON DE ROLAND

« Faire mourir Roland là-bas,
« Ce serait ôter à l’Empereur le bras droit de son corps.
« Adieu les merveilleuses armées de France !
« Charles, désormais, n’assemblerait plus de telles forces,
« Et la Grande-Terre resterait en repos. »
Quand Marsile entend Ganelon, il le baise au cou ;
Puis il commence à ouvrir ses trésors.


XLVI


Marsile alors — et pourquoi de plus longs discours ?
« — Il n’est pas, dit-il, de bon conseiller, si l’on n’en est point sûr :
« Jurez-moi, si Roland vient là-bas, jurez-moi de le trahir. »
Et Ganelon : « Qu’il soit fait, répond-il, selon votre volonté ! »
Et le voilà qui, sur les reliques de son épée Murgleis,
Jure la trahison. Le crime est consommé.


XLVII


Un fauteuil d’ivoire était là :
Marsile y fait porter un livre
Où est écrite la loi de Mahomet et de Tervagan.
Le Sarrasin espagnol y jure son serment :
« Si, dans l’arrière-garde de Charlemagne, il trouve le corps de Roland,
« Il le combattra avec toute son armée.
« S’il le peut, Roland y mourra... »
Et Ganelon : « Bénie soit, dit-il, votre entreprise ! »