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qu’a pu réaliser le luxe d’un peuple qui trouve les contes de fées vraisemblables.

En sortant des bazars, vous rencontrez à chaque pas des mosquées blanches et silencieuses dont les dômes et les minarets s’élèvent hardiment du milieu de leurs touffes de platanes séculaires et frappent l’imagination par leur masse imposante ; des bains surmontés de coupoles, où les hommes et les femmes viennent, à diverses heures, livrer leur corps aux délices du massage ; des fontaines de marbre blanc aux grillages dorés, fondations pieuses de bons musulmans.

Au cœur de la ville, le vieux sérail dresse ses hautes et sombres murailles, tandis que le nouveau fait une pointe dans la mer, en brodant de riants jardins les vieux remparts des Paléologues. A l’autre extrémité, le château des Sept-Tours et l’aqueduc de Valens terminent la perspective de cette langue de terre, comprise entre la Corne d’Or et la mer de Marmara.

N’est-ce pas là un théâtre merveilleusement bien disposé pour les personnages qui vont défiler devant vos yeux ! Plus heureux que le simple voyageur, vous verrez, grâce à M. Camille Rogier, ce qui échappe aux investigations du touriste : ces fleurs parfumées du harem, ces visages blancs et délicats, que le soleil n’a jamais flétris et qui ont bien voulu déposer leur voile devant notre peintre. Beaucoup de gens