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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

Quant à la copie de M. Sigalon en elle-même, il faudrait avoir vu l’original pour en pouvoir parler avec certitude elle nous semble fort belle, et peu de peintres eussent été en état de mener à bout un travail aussi gigantesque. On la dit très exacte ; cependant, quelques articulations nous ont semblé mollement indiquées, et des personnes qui ont vu la chapelle Sixtine prétendent que l’original est beaucoup plus harmonieux que la copie[1]. Le ton se maintient dans une couleur grise et violâtre qui n’est pas celle qu’a donnée M. Sigalon à sa toile ; l’aspect général est beaucoup plus grave, plus sombre mais il faut songer que le Jugement dernier de Michel-Ange est peint à fresque, à la détrempe, que le temps et la fumée des cierges et de l’encens ont adouci les teintes discordantes, et que jamais, si habile que l’on soit, l’on n’imitera à l’huile le ton d’une peinture à l’eau, surtout en si mauvais état que la fresque de la Sixtine. Une seule chose nous a choqué dans la belle copie de M. Sigalon, c’est le ton d’omelette de l’auréole du Christ. L’auréole, dans le tableau de Michel-Ange, est d’un ton plus lumineusement argentin et n’a pas ce jaune nankin si désagréable à l’œil. Il ne faut que deux heures pour corriger ce défaut.

Voilà à peu près ce que nous avons éprouvé à la

  1. L’auteur n’avait pas encore à cette époque visité l’Italie.